L'équitation islandaise en France

La Fédération Française du Cheval Islandais (FFCI) a réalisé une enquête auprès de ses adhérents (éleveurs et utilisateurs) afin de mieux connaître leur profils et attentes. C’est l’occasion d’apporter un éclairage sur une équitation particulière : celle qui se pratique avec une race particulière : le cheval islandais.

Le cheval islandais : le feu sous la glace

Photo FFCI
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Encore confidentielle en France en comparaison avec d’autres pays européen, l’offre se structure depuis quelques années afin que se développe à la fois les compétitions sportives et la possibilité de pratiquer en loisir.

L’équitation islandaise a cela de très spécifique qu’elle se pratique sur chevaux…islandais. Dans ce pays à forte tradition équestre et aux conditions de vie difficile, le cheval a longtemps été intimement lié au mode de vie des habitants et le moyen de transport privilégié.

L’histoire des chevaux islandais débute au IXe siècle après Jésus Christ et est liée à la colonisation de l’Islande par les Vikings. Ces derniers ont importé sur l’île des chevaux d’origine diverses néanmoins la plupart d’entre eux étaient de sang germanique.

 

Même si les origines du cheval islandais restent obscures, il est aujourd’hui l’une des races les plus pures au monde et cela à cause de son isolement. En effet, depuis 1000 ans et encore aujourd’hui, il n’existe sur l’île qu’une seule et unique race de chevaux : le cheval islandais. Outre sa petite taille (entre 1.35 et 1.45 m en moyenne au garrot), sa particularité est de posséder le plus souvent quatre à cinq allures dont parmi elles le tölt et l’amble.

 

Le tölt est la spécialité du cheval islandais. C’est une allure stable à quatre temps, lors de laquelle les postérieurs passent sous le cheval et portent le poids sur l’arrière main ce qui permet à l’avant main de monter et d’être libre et déliée. Des allures similaires existent chez d’autres races dites d’allures comme le pas couru ou rack, mais il est admis que seul le cheval islandais présente cette allure de façon aussi naturelle et avec autant d’extension et de variations de vitesses. Les meilleurs chevaux islandais, dits « 5 allures » sont également ambleurs. Cette allure est souvent présentée lors de courses spécifiques.

En 1940, la première voiture arrive en Islande… le cheval devient alors rapidement superflu comme moyen de transport et outil de travail. Cette date marque un tournant dans l’élevage. Alors que l’endurance et la force de caractère étaient les premiers critères de sélection, qualité des allures et de la finesse équestre seront désormais privilégiés. Réputé à la fois vif et froid, on dit aujourd’hui du cheval islandais qu’il est "le feu sous la glace".

 

Le développement de l'équitation islandaise en Europe

Les compétitions sportives

L’équitation islandais découle de cette sélection. Elle vise principalement a mettre en avant les allures du cheval. Les compétitions sportives se déroulent idéalement sur des pistes ovales de 200m à 250 mètres de long. Les juges prennent en compte la régularité de la battue, l’amplitude des mouvements et le respect des vitesses demandées. En Islande, Certaines épreuves comme les gaedingkaeppni prennent aussi en compte les qualités du cheval, comme sa vivacité , son expression et son tempérament.

Ces épreuves sportives ont su séduire au delà de l’Islande et un certain nombre de pays en Europe du Nord notamment l’Allemagne, la Danemark, les Pays Bas… ont mis en place des circuits de compétions reconnus par la FEIF (Internationnal Federation of icelandic-Horse Association). Tous les deux ans, les équipes se retrouvent pour le Championnat du Monde. Le dernier a eu lieu a Sankt Radegund en Autriche et a rassemblé environ 200 couples cavalier/cheval dont deux représentants français Jacques Pailloncy et Séverine Thomas. Il faut savoir que pour les chevaux islandais participants à ces championnat, cette sortie du territoire est définitive. En effet, pour protéger sa population équine d’une éventuelle épizootie, l’Islande interdit à tout cheval ayant quitté l’Ile d’y revenir.

En France, le développement de l’équitation islandaise reste très en deçà de l’engouement qu’elle connaît dans certains pays d’Europe du Nord, tout particulièrement l’Allemagne qui compte 20 fois plus de chevaux islandais et 23 912 pratiquants membres d’une association , contre ..112 en France (cf Tableau 1). On observe d’ailleurs que c’est à proximité de l’Allemagne, en Alsace et en Lorraine que cette équitation s’est la plus développée. Ce retard français s’explique par diverses raisons comme un nombre beaucoup plus restreint de compétitions sportives qui résulte d’un manque d’infrastructures spécifiques (piste ovale de 250 m ), la difficulté à rémunérer des juges internationaux…. Pour pallier cette difficulté, la FFCI s’attache à former des juges et travaille avec la FFE pour la mise en place d’un championnat de France .

  Allemagne Suisse  Danemark Pays Bas France Islande
Cavaliers membres d'une association 23 912 1 134 7 826 2104 112 11 487
Chevaux 65 000 2 500 30 567 6500 3 000 80 000
Naissances 2 600 68 2 162 261 89 7 363
Evènements sportifs Plus de 100 9 70 65 5 180

Tableau 1/ La place du cheval islandais et de l'équitation islandaise dans différents pays d'Europe                        Source FEIF 2011

 

L'équitation de loisir

Photo FFCI
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Mais la compétition sportive ne pourra se mettre en place que si se développent plus largement et pour tous les possibilités d’apprendre et de pratiquer dans le cadre d’une équitation de loisir. C’est dans ce cadre qu’on été mis en place depuis 1er juillet 2010 les galops d’équitation islandaise, reconnus par la FFE. Un des enjeux également est de développer la formation de moniteurs spécialisés capables de former cavaliers et chevaux. En effet tölter correctement nécessite l’acquisition d’un savoir-faire spécifique. A ce jour, il n’existe pas de brevet professionnel mention « équitation islandaise en France ». .. Les moniteurs français spécialisés sont peu nombreux et la plupart d’entre eux se sont formés (sur « le tas ») ou à l’étranger principalement en Allemagne.

Par ailleurs, la FFCI a mis en place des « challenges » ou « rencontres loisirs ». Regroupant des passionnés de tous âges, elles visent à classer les couples cavaliers /cheval selon la qualité des allures présentés (trot et tölt). Lors de ces rencontres loisirs, des jeux sont également organisés tels que le parcours du serveur (cavalier et cheval parcourent un circuit au tölt, le cavalier tenant une chope de bière à la main) ou le tacotölt, épreuves lors de laquelle le couple cavalier/cheval passe au tölt sur un plancher en bois et sont jugés uniquement au son qu’ils émettent.

Certains chevaux islandais se sont illustrés récemment sur des épreuves de trec ou d’endurance. Cependant , le cheval islandais en France reste le plus souvent utilisé pour une équitation de loisir type balade ou randonnée, comme le montre l’enquête réalisée par la FFCI auprès de ces adhérents début 2011.

 

Conclusion

Le cheval islandais ne manque pas d’atout pour séduire un public à la recherche d’une équitation différente et unique. Le succès est au rendez-vous en Europe du Nord, les bases se mettent progressivement en place en France autour de passionnés. La FFCI s’emploie à fédérer tout les acteurs du monde du Cheval Islandais en France, éleveurs et utilisateurs, afin de développer à la fois la formation des hommes, la sélection et la promotion des chevaux, le développement des structures, les cadres d’enseignement, et les compétitions sportives.

 


Auteur : Sylvie Rizo, IFCE  et Adeline Graff, FFCI

Source : revue équ'idée n°77-hiver 2011, Institut Français du Cheval et de l'Equitation